"C'est un voyage — on le commence ensemble
parfois à rebours
ces jours-là et nuit
on revient sur nos pas
Sont ensemble, à un moment même lointain
je prends ce moment-là "
Fabienne Courtade, "Le même geste"
9 déc. 2012
26 nov. 2012
15 nov. 2012
7 nov. 2012
28 oct. 2012
9 oct. 2012
27 sept. 2012
"Lui.— Un jour, dans ma chambre, je regardais une serviette posée sur une chaise, alors j'ai vraiment eu l'impression que, non seulement chaque objet était seul, mais qu'il avait un poids — ou une absence de poids plutôt — qui l'empêchait de peser sur l'autre. La serviette était seule, tellement seule que j'avais l'impression de pouvoir enlever la chaise sans que la serviette change de place. Elle avait sa propre place, son propre poids, et jusqu'à son propre silence. Le monde était léger, léger..."
Jean Genet, "L'atelier d'Alberto Giacometti"
17 sept. 2012
10 sept. 2012
"Quelque part quelqu'un est chien et aboie à la lune
Quelqu'un est né chinoise et maintenant elle a dix-sept ans
Quelqu'un c'est une blonde et sa sœur est vive, véritablement pétulante
Quelqu'un son père est Highlander
Quelqu'un... et puis ça lui a retenti sur les reins et maintenant fini, il dit qu'il aime
autant mourir à l'hôpital
Quelqu'un il a de grosse solives à sa maison
Quelqu'un, il veut encore un peu de crème. (...) "
Henri Michaux, "Quelque part quelqu'un"
27 août 2012
" _ Omar Khayyâm regarde les mouches la poussière
ivre de et pour rien si tu savais et en langue persane
devrais te lire ne pas ciller l'amour avaler boue mots
acte d'accusation avaler boire acte inchoatif boire plus
qu'un choix symptôme plus qu'une pensée acte en
quatrains pourquoi pas dont on dit que c'est poème "
Claude Favre, "Vrac conversations,"
19 août 2012
30 juil. 2012
"On sent la courbure de la terre. On a désormais les cheveux qui ondulent naturellement. On ne trahit plus le sol, on ne trahit plus l'ablette, on est soeur par l'eau et par la feuille. On n'a plus le regard de son oeil, on n'a plus la main de son bras. On n'est plus vaine. On n'envie plus. On n'est plus enviée.
On ne travaille plus. Le tricot est là, tout fait, partout.
On a signé sa dernière feuille, c'est le départ des papillons."
Henri Michaux, "La Ralentie", "Plume".
7 juil. 2012
27 juin 2012
"Il était une fois un homme roux, qui n'avait d'yeux ni d'oreilles. Il n'avait pas non plus de cheveux et c'est par convention qu'on le disait roux.
Il ne pouvait pas parler car il n'avait pas de bouche. Il n'avait pas de nez non plus.
Il n'avait même ni bras ni jambes. Il n'avait pas de ventre non plus, pas de dos non plus, ni de colonne, il n'avait pas d'entrailles non plus. Il n'avait rien du tout ! De sorte qu'on se demande de qui on parle.
Il est donc préférable de ne rien ajouter à son sujet."
Daniil HARMS, "Faits Divers"
(7 janvier 1937) Cahier Bleu n°10
14 juin 2012
"Il règne ici la paix qui succède aux profonds cataclysmes, quand leur souvenir même est perdu, et que le ciel de nouveau préhistorique pâture avec une lenteur innocente l'ampleur en fin de compte extatique du dégât.
L'être antérieur au temps contemple avec les yeux de ma tête, mes jambes le soulèvent et le transportent machinalement sur un remblai. J'y cherche en vain le soleil dans cette pulvérisation de la lumière, un peu plus dense au bout des rails aplatis vers le nord."
4 juin 2012
" Deux sœurs à particule vivaient parmi les immondices."
"Remerciements posthumes à M.Emile Locati pour son don généreux à l'A.S.J.F.T.N."
"M.Patel nous signale que les branches de son prunier ont été si fortement courbées par l'orage qu'elles rejoignent sa rhubarbe.
Toute notre sympathie."
"Le savon de Marseille était en réalité un réveille-matin !"
Béatrix Beck, "En bref, Faits divers et avis"
"Remerciements posthumes à M.Emile Locati pour son don généreux à l'A.S.J.F.T.N."
"M.Patel nous signale que les branches de son prunier ont été si fortement courbées par l'orage qu'elles rejoignent sa rhubarbe.
Toute notre sympathie."
"Le savon de Marseille était en réalité un réveille-matin !"
Béatrix Beck, "En bref, Faits divers et avis"
26 mai 2012
15 mai 2012
30 avr. 2012
19 avr. 2012
"... tout cela recouvert par un entrelacs de ronces, d'arbres à papillons, d'ambroisies, d'orties et de chardonnerets et parcouru par une faune timide : lapins, canards, grenouilles dans les mares entre le périphérique et le bassin d'Aubervilliers, rats le long des voies ferrées, chats et chiens errants, hirondelles, pigeons, et même des renards — on retrouve de semblables arches de Noé sur les plates-bandes qui cernent les aires de repos des autoroutes : protégées de toute intrusion par le glacis de la circulation d'un côté et de hauts grillages de l'autre, ces jardinets constituent les dernières zones véritablement sauvages du monde occidental."
Philippe Vasset, "Un livre Blanc" 2007
6 avr. 2012
30 mars 2012
"Il y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
Des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du cœur qui tangue
Tous les désastres du métier ..."
Pierre Reverdy, "Chemin Tournant", 1929
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
Des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du cœur qui tangue
Tous les désastres du métier ..."
Pierre Reverdy, "Chemin Tournant", 1929
17 mars 2012
7 mars 2012
26 févr. 2012
17 févr. 2012
8 févr. 2012
"Il y a eu ce moment je me souviens où je me suis dirigée vers le fleuve et me suis mise à marcher sur le chemin, et alors j'ai vu l'oiseau filer bas dans le ciel dans un sens puis dans l'autre et j'ai dû me dire que ça commençait, que là dans tout ce froid et ce gris et la solitude du chemin, comme sur la scène d'un théâtre dans la hâte et l'obscurité s'installent de nouveaux décors, calmement, à pas feutrés et venus d'on ne sait quelles profondeurs quelque chose prenait place."
Michèle Desbordes, "Les Petites Terres" 2008
1 févr. 2012
"Je me souviens d'avoir regardé l'oiseau, de m'être demandé ce que je faisais à une heure pareille sur un chemin où je ne venais jamais et ne m'étais pas même dit que je venais, n'ayant bientôt plus à voir dans le ciel bas, plombé, que les tours de la centrale, l'épaisse, lourde fumée blanche qui se mêlait aux nuages et le bois qui de ce côté longeait le chemin, cachant le village, les petites maisons basses par où j'étais venue, les jardins derrière les murs."
M.Desbordes, "Les Petites Terres" 2008
M.Desbordes, "Les Petites Terres" 2008
14 janv. 2012
"Ici et maintenant, là et ailleurs, on attend le bus. L'arrêt est devant le café. On sent la poussière. Le ciel est très bleu. L'air flotte. Il y a tous ces fils.
Route est là.
On est dehors. On est descendue du train, on attend le car. Les immeubles vont et viennent. L'air respire, il y a des souffles. Les portes s'ouvrent, les portes s'ouvrent partout, on passe, on passe."
Leslie Kaplan, "L'Excès-L'Usine", 1994
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