28 déc. 2010

28/12/10
"Préférer la nuit. Préférer le bateau du soir, l'appareillage en gare maritime de Naples, la trace d'une route vers le sud, huit heures d'affilée, régime à quinze nœuds, navire vaillant sur son erre, préférer le souffle des machines, la puissance des moteurs, préférer la vitesse, le vent dans la bouche, les cheveux chassés sur les fronts limpides, les yeux qui brillent et le monde comme un disque au cœur duquel se placer soi, éventé et droit comme un I, l'abdomen en chambre d'écho, la peau nue et d'autres yeux derrière la tête, soi-même donc, à poste, centreur mécanique pour que tout cela tourne, tourne, tourne. A l'aube, tout de même, déballonner le torse et ralentir un peu."

Maylis de Kérangal, "Sous la cendre" (Ni Fleurs ni couronnes)

13 déc. 2010

13/12/10
“Transformer la vue imparfaite qu'on a de cette fenêtre en petit paysage idéal, ne laisser qu'un seul arbre par champ, une maison est un simple cube, etc., les lointains sont rendus par la perspective aérienne, un pré miniature est entouré de haies, couvertes de treilles entrelacées, à chaque coin, la forme trapézoïdale au fond rend ce pré presque vertical à l'œil, devant les animaux agrandis familiers importants, lapins fluo au repos, patte repliée, oreille paresseuse, rêvant à un grand champ pour lui tout seul, 50% luzerne, 50% trèfle, entouré d'un bonne clôture enterrée anti-renard, une source surgit au beau milieu, entre deux grosses pierres, il fait beau."

Olivier Cadiot, "Retour définitif et durable de l'être aimé"

24 nov. 2010

24/11/10
"Je ferme les yeux, je saute. A l'instant de la chute je contemplerai le paysage. Ca me rappelle une histoire d'alpinistes. Dans un passage dangereux le premier de cordée dit à ses compagnons, Si jamais vous tombez (quatre cents mètres d'à-pic) n'oubliez pas de regarder à gauche avec un peu de chance vous pourrez admirer quelques secondes le coucher du soleil sur le mont Blanc."


Annie Saumont, "koman sa sécri émé ?"

16 nov. 2010

16/11/10
"Au début un nuage minuscule était doré."


Marie Cosnay, "Trois Meurtres"

9 nov. 2010

9/11/10
"Dès le matin la lumière parle et je l'écoute, sans plus me demander si je fais bien ou mal, si je ne suis pas

ridicule. C'est d'abord comme une jeune fille qui passerait de porte en porte éveiller un à un les habitants

de ce village, c'est quelque chose aussi de frais qui ruisselle sur les pierres, qui lave les murs de toutes les

taches de la nuit, c'est une sorte de voirie de l'âme."

Philippe Jaccottet, "La Promenade sous les arbres"

1 nov. 2010

1/11/10

"ensuite, il arrive qu'elles s'endorment


 herbes et ficelles, et qu'elles restent


 appellent très doucement, jouent avec les sauterelles


 rêvent, rêvent, rêvent, se rassurent






 regardent la poussière, discutent


 passerelles d'os secs, osent un peu de sel, rêvent


 temps ténu, os blancs, sel, certitudes et se terrent


 bruissement de la terre, marée, odeur mouillée "






Brigitte Mouchel
extrait de latence, "événements du paysage"
éd. isabelle sauvage

13 oct. 2010


  jeudi — Retour de la pluie, de la vitre sculptée au canif. Ecrire
  c'est posséder, c'est obtenir le monde dès que la phrase se forme,
  au moment même où les yeux toujours rivés à la fenêtre, vous
  retenez la bribe.

 Anne Savelli, "Fenêtres Open Space"

5 oct. 2010

5/10/10
"Un homme marche dans les feuilles,


non loin du pavillon. Il se déplace  si


lentement, avec tant de précautions


qu'il ne s'aperçoit pas qu'un arbre


le suit.




Thierry Metz, "L'homme qui penche"

28 sept. 2010

28/09/10
"Ce sont les gendarmes qui ont amené
Rainer, l'Allemand. Il traînait dans
une gare, sans papiers, sans argent,
sans parler un mot de français.


Très grand, costaud, les cheveux
courts : on ne sait pas exactement
d'où il vient, quelque part dans l'ex-
Allemagne de l'Est.


De visage et de gabarit on dirait un
lutteur arménien ou turc mais il
n'est pas violent, peut être un peu
irascible.


Il boite légèrement et joue aux
échecs. On a déjà fait plusieurs
parties que j'ai perdues. Mais le plus
souvent il regarde la télévision ou se
tient des discours, seul, sous le
préau.


J'aime ses manières.


J'aime qu'il soit là, comme une
énigme. Et il le sait. Avec ses yeux et
ses mains. Dans les seules traces de
son être."


Thierry Metz, "L'homme qui penche"

17 sept. 2010

17/09/10
“J'avais accepté que coexistent des réalités diverses, deux au moins, et qu'il n'y ait pas de passages.
 J'inventais la folie mais je tenais sur mes pieds, et présumais de mes forces.”

Marie Cosnay, "Villa Chagrin"

10 sept. 2010

10/09/10
"17 août. Huit heures. — Louis arrive avec le camion. On charge les décombres, les pierres.
On range les bois : planches et madriers. Le Corps a vite chaud. On s’arrête un instant.
Pour souffler. Pour regarder ce qu’on a fait. Et ce qui reste. On bavarde. Nos voix sont en sueur.
Louis s’éponge avec un mouchoir de grand-mère,immense et brodé d’initiales, qui sent la cendre et la pluie.
On écoute ce qui a lieu dehors, ce qui passe. Puis très vite : tout devient silence, tout devient geste. On n’entend plus que nos pelles qui raclent l’inépuisable."


Thierry Metz, "Le Journal d’un Manœuvre

3 sept. 2010

3/09/10

On passe d'une chose à l'autre. Très vite. Pas

moyen de s'arrêter une seconde pour désigner le

nuage. Et plus loin : les violences. Personne ici

ne pourrait parler du feu. Tout reste entre nous.

Jamais dit.

On n'est convié à rien puisqu'on n'a pas de

mots.


Que des outils...

C'est tout.


Ecris ton poème maintenant.



Thierry Metz, "Le journal d'un manœuvre".

27 août 2010

27/08/10

"C'est à Pékin que j'ai compris le saule, pas le pleureur, le saule, à peine incliné, l'arbre chinois par excellence.
Le saule a quelque chose d'évasif. Son feuillage est impalpable, son mouvement ressemble à un confluent de courants. Il y en a plus qu'on n'en voit, qu'il n'en montre. L'arbre le moins ostentatoire. Et quoique
toujours frissonnant (pas le frissonnement bref et inquiet des bouleaux et des peupliers), il n'a pas l'air en lui-même, ni attaché, mais toujours  voguant et nageant pour se maintenir sur place dans le vent, comme le poisson dans le courant de la rivière. C'est petit à petit que le saule vous forme, chaque matin vous donnant sa leçon. Et un repos fait de vibrations vous saisit, si bien que pour finir, on ne peut plus ouvrir la fenêtre sans avoir envie de pleurer."


Henri Michaux , "Un barbare en Asie"

13 août 2010

13/08/10
(...)
je suis allé rencontre qui souffre qui n'en peut plus exaspérée
je suis allé rencontre peuple rencontré dans villes dans villages dans campagnes dans ateliers bureaux
dans écoles dans hôpitaux dans centre rééducation dans maison retraite partout gens qui vivent par travail
par souffrance par rêves par ambitions ces sans grade ces anonymes ces gens
c'est pour eux
je veux être leur
je veux être celui
je veux être leur
je veux être du peuple et non des médias des appareils de tel ou tel
je veux être du peuple parce que des mois j'ai vu le peuple
j'ai vu
j'ai compris
j'ai mesuré
j'ai pris conscience
j'ai pris conscience


ensemble
ensemble
(...)


Emmanuel Adely, "Cinq suites pour violence sexuelle"

5 août 2010

5/08/10
Pointdevue&
images


et si on se donnait
les moyens de passer un bel
après-midi
on pourrait
se promener dans
l'appartement
des étoiles filantes
tomberaient du plafond de
la chambre et
des rires s'échapperaient
du frigo
nos problèmes d'argent
finiraient dans le lave
linge et
nos conversations seraient
plus rapides que dans un
dessin animé


Jean-Marc Flahaut, pour la revue numérique "D'ici Là n°5"

15 juil. 2010

15/07/10

"L'extérieur est à l'extérieur de l'extérieur. L'intérieur n'est à l'extérieur de rien. L'intérieur est à l'extérieur de l'intérieur. L'extérieur n'est pas à l'extérieur de lui. L'intérieur n'est pas à l'intérieur de l'extérieur. L'intérieur n'est pas à l'extérieur de l'extérieur. L'intérieur n'est pas à  l'intérieur de rien. L'intérieur est à l'intérieur de lui. L'extérieur n'est pas à l'intérieur de rien. L'intérieur n'est pas à l'extérieur de lui. L'intérieur est à l'intérieur de l'intérieur. Rien n'est à l'intérieur de toi. L'intérieur n'est pas à l'extérieur de l'intérieur. L'extérieur est à l'intérieur de soi. Tu n'es pas à l'extérieur de toi. Tu n'es pas à l'intérieur de rien. L'extérieur n'est pas à l'intérieur de soi. Rien n'est à l'extérieur de l'intérieur. L'extérieur n'est pas à l'intérieur de l'intérieur. Tu es à l'extérieur de toi. L'extérieur n'est pas à l'intérieur de rien. Tu es à l'extérieur de l'intérieur. L'intérieur n'est pas à l'intérieur de soi. L'extérieur est à l'intérieur de toi. Rien n'est à l'intérieur de l'intérieur. Rien n'est à l'intérieur de l'extérieur. L'intérieur est à l'intérieur de soi. L'extérieur est à l'intérieur de l'intérieur. L'extérieur n'est pas à l'intérieur de l'extérieur. L'intérieur n'est pas à l'extérieur de soi. Rien n'est à l'extérieur de soi. L'intérieur est à l'intérieur de l'extérieur. Tout est à l'extérieur de toi. L'extérieur est à l'extérieur de soi. Tu es à l'intérieur de toi. Tu n'es pas à l'intérieur de l'extérieur. Il est à l'intérieur de lui. L'extérieur n'est pas à l'extérieur de rien. Rien n'est à l'intérieur de lui."


Valère Novarina, "Vous qui habitez le temps"

6 juil. 2010

6/07/10

There's a shadow over the city
the tight, as usual, framing and erasing


Just say you
dream fires each
night smoothing each
collpsing page from


the throat talking
in a series
of measures in
the high desert


the perfect life
in a series
of measured gestures
an invitation to


see the world
from a bridge
that burns in
the next night


Il y a une ombre au dessus de la ville
la lumière qui, comme d'habitude, encadre et efface


Dis simplement que tu
rêves des feux chaque
nuit lissant de chaque
page l'effondrement


de la gorge qui porte
dans une suite
des mesures en
plein désert


la vie parfaite
dans une suite
de gestes mesurés
une invitation à


voir le monde
d'un pont
qui brûle dans
la nuit d'à côté


Norma Cole, "Mascaret"

28 juin 2010

les trottoirs sont pleins de chercheurs de chambre et de donneurs de chambre

28/06/10

"(...) les trottoirs sont pleins de chercheurs de chambre et de donneurs de chambre, et si tu crois que c'est seulement pour parler, non, je n'en ai pas besoin comme dehors tous ces cons, je ne suis pas comme eux, je suis le mec, moi, plutôt que de parler, à suivre une belle nana pour la regarder, et la regarder seulement, pourquoi faire autre chose que de regarder une belle nana, et même je suis le mec, moi, plutôt que de regarder une nana, à marcher seulement, et cela me suffit comme occupation, toute ma vie je veux bien me balader, courir de temps en temps, m'arrêter sur un banc, marcher lentement ou plus vite, sans jamais parler, mais, toi, ce n'est pas pareil, et cela, dès que je t'ai vu, et maintenant il faut que je t'explique tout, puisque j'ai commencé, sans que tu te barres et me laisses comme un con, même si maintenant j'ai pris une sale gueule, que ni mes cheveux ni mes fringues ne sèchent, que je ne voudrais pas regarder dans mon dos le miroir alors que toi, la pluie ne t'a même pas mouillé, la pluie a passé à côté de toi, les heures passent à côté de toi, c'est là que j'ai eu raison de comprendre que, toi tu n'es qu'un enfant, tout te passe à côté, rien ne bouge, rien ne prend une sale gueule, moi, j'évite les miroirs et je n'arrête pas de te regarder, toi qui ne change pas, et s'il n'y avait pas cette question d'argent, je nous paierais une bière (...)”

Bernard-Marie Koltès, "La nuit juste avant les forêts"

21 juin 2010

21/06/10
VII


"Je suis dans le champ
 comme une goutte d'eau
 sur du fer rouge


 lui-même s'éclipse


 les pierres s'ouvrent


 comme une pile d'assiettes
 que l'on tient
 dans ses bras


 quand le soir souffle

 je reste
 avec ces assiettes blanches et froides

 comme si je tenais la terre
 elle-même


 dans mes bras."


André Du Bouchet, "Le Moteur Blanc"(Dans la Chaleur Vacante).

15 juin 2010

15/06/10
V


"Je sors
dans la chambre


comme si j'étais dehors


parmi des meubles
immobiles


dans la chaleur qui tremble


toute seule


hors de son feu


il n'y a toujours
rien


le vent."




André Du Bouchet, "Le Moteur Blanc"

8 juin 2010

8/06/10
III


"Mon récit sera la branche noire


 qui fait un coude dans le ciel."




André Du Bouchet, "Le Moteur Blanc".

2 juin 2010

2/06/10
 "Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
  Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
  Assez connu. Les arrêts de la vie. - O rumeurs et Visions !
  Départ dans l'affection et le bruit neufs ! "


  Arthur Rimbaud,  "Départ", (Illuminations).

27 mai 2010

27/05/10
“Sur une grande route, il n'est pas rare de voir une vague, une vague toute seule, une vague à part de l'océan.
Elle n'a aucune utilité, ne constitue pas un jeu.
C'est un cas de spontanéité magique.”


Henri Michaux, “Ailleurs” (Au pays de la magie).

18 mai 2010


Au printemps, les vases du jardin garnis par hasard de plantes semées par le vent, étaient gais comme d'ordinaire. Les violettes poussaient et les narcisses. Mais la quiétude et l'éclat du jour étaient aussi étranges que le chaos et le tumulte de la nuit, avec les arbres debout à cette place, et les fleurs debout à cette place, à regarder devant eux, à regarder en l'air, sans rien voir cependant, sans yeux, et si terribles.


"In spring the garden urns casually filled with wind
blown plants were gay as ever. Violets came and
daffodils. But the stillness and the brightness of the
day were as strange as the chaos and tumult of night,
with the trees standing there, and the flowers
standing there, lookind before them, looking up, yet
beholding nothing, eyeless, and so terrible."


Virginia Woolf, "Time Passes"

11 mai 2010

11/05/10

“Un costume a été conçu pour prononcer la lettre "R". Ils ont aussi un costume pour prononcer la lettre "Vstts". 
Pour le reste on peut s'en tirer, à l'exception toutefois de la lettre "Khng".
Mais il y a le prix considérable de ces trois costumes. Beaucoup de gens n'ayant pas les moyens de les acheter 
ne peuvent au passage de ces lettres, que bredouiller; ou bien c'est qu'ils sont très, très forts en magie.”


Henri Michaux, "Ailleurs” (Au pays de la Magie).
 

2 mai 2010

2/05/10
"... Ah! nous avions des mots pour toi et nous n'avions assez de mots,


Et voici que l'amour nous confond à l'objet même de ces mots,


Et ces mots pour nous ils ne sont plus, n'étant plus signes ni parures,


Mais la chose même qu'ils figurent et la chose même qu'ils paraient ;


Ou mieux, te récitant toi-même, le récit, voici que nous te devenons toi-même, le récit,


Et toi-même sommes-nous, qui nous étais l'Inconciliable : le texte même et sa substance et son mouvement de mer,


Et la grande robe prosodique dont nous nous revêtons...”


Saint-John Perse, "Amers"

20 avr. 2010

J'aime quand j'ai bu un peu


J'aime quand j'ai bu un peu. J'épouse la terre plus aisément.

Je tourne un peu. Je suis à jeun quant à elle. Cet état de 

demi-ébriété me ravit. Comme un coma de juste mesure. Celui-là 

même que j'ai vainement cherché avec les êtres, que je n'espère 

plus trouver qu'avec moi-même, un jour de musique privilégiée, 

musique d'accompagnement qui m'adoptera comme thème.


Georges Perros, "Papiers Collés

28 mars 2010

28/03/10
“... et je pense à un livre qui ferait tenir ensemble toutes ces pensées, et d'autres, qui mettrait en rapport des choses apparemment sans rapport, qui serait un moment suspendu dans le temps, un objet fini et infini, et qui, comme c'est le propre des livres, pourrait donner, ouvrir, créer le temps de sentir, d'éprouver, de penser. ”

Leslie Kaplan, “Les Outils” 

16 mars 2010

16/03/10
“Ici tout bouge, nage, fuit, revient, se défait, se refait. Tout cesse, sans cesse. On dirait l’insurrection des molécules, l’intérieur d’une pierre un millième de seconde avant qu’elle ne se désagrège.”

S.Beckett “Le Monde et le pantalon”

9 mars 2010

9/03/10
“Il n'y a jamais rien.
Je passe mon temps avec rien et je m'obstine et j'insiste sur ce rien”


Claude Royet-Journoud

1 mars 2010

1/03/10
IV
Alertez l'espace ! Et écoutez se taire les cailloux.


Valère Novarina, "Pendant la matière”.

22 févr. 2010

22/02/10

“Il y a très peu de moments qui soient comme des sommets de montagne, je veux dire où l'on puisse regarder le monde en paix, comme d'une hauteur.”
V. Woolf,  “Journal d'un Ecrivain

4 févr. 2010

4/02/10
“Le ciel est tavelé d'ailes très blanches.
Un cormoran glisse à toute allure si bien qu'on doute d'avoir vu un cormoran.
Le fleuve descend droit dans l'océan.
Un navire à la coque rouge, gigantesque, veille sur l'immobilité du jour.”


Marie Cosnay, "Que s'est-il passé ?


28 janv. 2010

Ton rire ouvert


Ton  rire  ouvert,  fou,  qui  déchire  l'enclos, 
le  cercle  bien  fermé  de  notre  histoire,
si  bien  qu'il  n'y  a  pas  d'histoire,
pas  une  chose  dont  on  pourrait  dire
quelque  chose.”

Marie Cosnay, “Que s'est-il passé ?

19 janv. 2010

19/01/10

"(...) Mr Goodman sortit une fois encore du carton qui l'enfermait la séquence entière, et demeura longtemps arrêté sur une de ces images : Cloud study with birds, datée du 28 septembre 1821. Il y avait là, exceptionnellement, dans le ciel peint, des non-nuages : quatre oiseaux noirs minuscules, des accents circonflexes d'oiseaux jetés là, au milieu de la profusion des nuées. Inexplicablement, il lui sembla que c'étaient des chapeaux.”


Jacques Roubaud, “Ciel et Terre et Ciel et Terre et Ciel".

13 janv. 2010

"Recours aux vents pour d'innombrables motifs, à la mer sans raison.
Ne pas poursuivre clairement les chemins indiqués, les routes prévues. 
Osciller à travers les complicités entre des moments coupables et les délires. 
Pactiser avec les frayeurs les égarements pour rendre compte du flou, de l'incertitude.”


         Danielle Collobert, "Dire I".

6 janv. 2010

06/01/10

" (...) qu'un animal,


une bête muette, lève les yeux


et tranquillement nous traverse.


C'est cela qu'on appelle Destin : être en face,


et rien d'autre, et toujours en face.”


R.M.Rilke “Elégies de Duino
( trad. J.P.Lefebvre )