28 août 2009

20/08/09
Camisea 11.2.81
"De la vapeur se dégage à présent de la forêt, comme après mille ans de pluie.
Le fleuve coule au hasard devant lui. Une ombre montant de la forêt obscurcit le ciel. La lune, craintive, ne se risque pas à regarder derrière l'horizon. J'ai attaché mon bateau à des étoiles sèches et peureuses cette nuit. Des fruits inconnus sont tombés d'un arbre inconnu lorsqu'il a fait nuit noire, claquant sur le sol humide tout autour de ma maison."

Werner Herzog, "Conquête de l'inutile". 

27 août 2009

27/08/09
Lourde tout entière vêtue de noir la tête couverte d'un fichu noir elle traversa la plage déserte arrivée près du bord elle s'assit sur le sable fit asseoir l'enfant à côté d'elle après quoi elle resta là les deux mains posées un peu en arrière les bras en étais le buste légèrement renversé regardant la mer les jambes allongées croisées


à travers la trame de ses bas on pouvait voir sa peau très blanche elle portait des espadrilles noires aux semelles de corde effilochées barbues les cordons des espadrilles se croisaient noués par-derrière un peu plus haut que la cheville


dune qui dessinait deux bosses molles le fond du creux entre les deux coupé par la ligne horizontale de la mer grise le ciel au-dessus gris aussi plus clair toutefois : un plafond immobile de nuages aux ventres pâles boursouflés Sur le flanc lisse de la dune le vent avait dessiné des stries parallèles dans le sable sinueuses comme les veines d'une planche


Claude Simon, "La Chevelure de Bérénice"
27/08/09

(Vers 1935)
"Je circule dans une automobile qui est entièrement faite d'os. C'est un ancien modèle, le frein est à l'extérieur et il est fait d'un fémur."

(15 décembre 1935)
"Je suis suspendue à la branche d'un arbre et je tente en me balançant de ci, de là d'échapper à un puma qui essaie de m'attraper. Je parviens enfin à me hisser sur un escarpement élevé de la montagne. Je suis assise sur le seuil d'une maison. Mais le puma m'a déjà découverte et il arrive pour me dévorer. Je l'attrape par la tête et je lui casse deux molaires."


Meret Oppenheim, "Poèmes et Carnets"

11 août 2009

11/08/09
"Le temps ne passe pas, nous sommes ce qui passe."
Jorge Carrera Andrade