22 nov. 2017

« Dans un long rêve plein de couleurs, les aigles étaient revenus me chercher. Ils étaient arrivés par l’est, me tirant de mon sommeil sans vie par leurs cris stridents. J’entendais leurs ailes frôler les murs de notre maison, mais ma voix endormie ne trouvait pas le chemin de ma gorge pour leur répondre. Ils semblaient me chercher en haut de la maison alors que je me trouvais en bas. Après avoir tourné des dizaines de fois autour du toit, ils ont fini par comprendre et faire appel au serpent. Le serpent habitant loin d’ici, il fallait l’attendre. Les aigles continuaient de tournoyer autour de la maison, provoquant en moi un frisson revigorant. »

Bérengère Cournut, « Née contente à Oraibi »
éditions Le Tripode, 2016.

12 nov. 2017

« Je referme mon cahier de notes. Il ressemble à une carte routière. Un enchevêtrement de directions que, pour la plupart, je n’emprunterai jamais. Je serais incapable de nommer un tel espace autrement qu’en disant  qu’il constitue désormais le cadre élastique d’une histoire sans début ni fin, mais formant un bloc homogène de fragments qui semble très ancien. Il s’accorde avec cette ville où le délabrement affleure à chaque jointure, révélant un substrat fissuré, usé jusqu’à la corde, le tout baignant dans une lumière dorée, presque tropicale par instants, à laquelle la végétation s’accroche, comme tout ce qui vit ici, à bout touchant d’apocalypse. »

Philippe Rahmy, Monarques
éditions La Table ronde, 2017