27 août 2009

27/08/09
Lourde tout entière vêtue de noir la tête couverte d'un fichu noir elle traversa la plage déserte arrivée près du bord elle s'assit sur le sable fit asseoir l'enfant à côté d'elle après quoi elle resta là les deux mains posées un peu en arrière les bras en étais le buste légèrement renversé regardant la mer les jambes allongées croisées


à travers la trame de ses bas on pouvait voir sa peau très blanche elle portait des espadrilles noires aux semelles de corde effilochées barbues les cordons des espadrilles se croisaient noués par-derrière un peu plus haut que la cheville


dune qui dessinait deux bosses molles le fond du creux entre les deux coupé par la ligne horizontale de la mer grise le ciel au-dessus gris aussi plus clair toutefois : un plafond immobile de nuages aux ventres pâles boursouflés Sur le flanc lisse de la dune le vent avait dessiné des stries parallèles dans le sable sinueuses comme les veines d'une planche


Claude Simon, "La Chevelure de Bérénice"