21 juil. 2013


"Dans ce livre on trouve au travail un être “souterrain”,
de ceux qui forent, qui sapent, qui minent. On le voit,
à condition d'avoir des yeux pour un tel travail des pro-
fondeurs, — on le voit progresser lentement, prudemment,
avec une douceur inflexible, sans trahir à l'excès la détresse
qui accompagne toute privation prolongée de lumière et
d'air; on pourrait même le dire satisfait d'accomplir ce
sombre travail. Ne semble t-il pas qu'une sorte de foi
le conduise, de consolation le dédommage ? Que, peut-être,
il désire connaître de longues ténèbres qui  ne soient qu'à
lui, son élément incompréhensible, secret, énigmatique,
parce qu'il sait ce qu'il obtiendra en échange : son propre
matin, sa propre rédemption, sa propre Aurore ?..."

Friedrich Nietzsche, "Aurore"