24 févr. 2016

Je vis

Je vis, dit la femme changée en bûche, dans la crainte que du genou ne me viennent des racines qui soudain me retiendraient au sol en un lieu que je n'aurais eu le temps de choisir, ou que du dos me sortent deux grandes ailes dont je n'aurais que faire, ou que mes yeux se ferment, ou que mes bras s'allongent jusqu'à terre (mon buste secoué par la bourrasque oscillant comme un roseau).

Marie N'Diaye, La femme changée en bûche