4 mai 2016

(séquence 413)

je me sens américain, je suis un poète américain, I am, yo soy, un poète new-yorkais argentin québécois cherokee nicaraguayen, je suis prêt à entonner Hourrah America avec tous les métis et tous les gringos, je suis prêt à fonder uneInternationalepoétiquemaisàmoitoutseul, et si la première Internationale a vu le jour à S. Martin’s Hall je n’y peux rien, ce matin je me lève tôt, je m’envole pour Manhattan acheté aux Algonquins 24 dollars par le gouverneur Minuit, je pousse jusqu’aux forêts d’érables sous la première neige de Mont-Royal, je fais une halte à Managua où le président Sandino imite le président Washington et retourne sur ses terres, lui c’est la canne à sucre et une coopérative car cent cinquante ans ont passé, je lis mes poèmes devant trois cavaliers dont les éperons brillent dans le soleil couchant, je reviens dormir le soir à Cordoba province de Cordoba.


Bernard Chambaz, ÉTÉ, chant V
Flammarion 2005