22 juil. 2016

« Nos ciels sont des inventions, des durées, des découvertes, des quotas, des contrefaçons, parfaits et magnifiques. Parfaits et magnifiques. Frais et brillants. Célestes et brillants. Le jour déverse l’espace, un rouge clair ample, brillant et frais. Brillant et maintes fois. Brillant et frais. Pétillant et humide. Clameur et teinte. Nous parcourons les champs spacieux, un tour de rempart et rapide. Brillant et argent. Rubans et défauts. Vers et depuis. Fin et grand. Le ciel est complexe et abîmé et nous sommes là-haut dedans, flottant près de la papillotte d’abricot, le biais piqué, près de la partie morose boursouflée qui se dissout en argent, en bronze l’instant d’après mais rien de significatif, une brèche de vert bleu, une syllabe, nous coupons tous à travers l’andain de molleton déployé, la corde effilée, le hêtre rouge derrière le catalpa d’aluminium qui a économisé tout le printemps pour ce vol, ses hauteurs une partie du ciel, le vent léger retournant le dessous blanc des feuilles, de nouveau le paradis, la partie brossée derrière, la chute. »

Lisa Robertson, « Le temps », 2001
traduit par Eric Suchère
éditions Nous, 2016