28 sept. 2010

28/09/10
"Ce sont les gendarmes qui ont amené
Rainer, l'Allemand. Il traînait dans
une gare, sans papiers, sans argent,
sans parler un mot de français.


Très grand, costaud, les cheveux
courts : on ne sait pas exactement
d'où il vient, quelque part dans l'ex-
Allemagne de l'Est.


De visage et de gabarit on dirait un
lutteur arménien ou turc mais il
n'est pas violent, peut être un peu
irascible.


Il boite légèrement et joue aux
échecs. On a déjà fait plusieurs
parties que j'ai perdues. Mais le plus
souvent il regarde la télévision ou se
tient des discours, seul, sous le
préau.


J'aime ses manières.


J'aime qu'il soit là, comme une
énigme. Et il le sait. Avec ses yeux et
ses mains. Dans les seules traces de
son être."


Thierry Metz, "L'homme qui penche"