22 avr. 2015

"... le temps dansait
à Téor, appuyé
sur la souche d'un jonc amer,
il dansait sur l'écume de la mer.

Et les gouttières et les ruisselets crachaient
la mer sur les mottes de terre
énivrées de fraîcheur,
et les pigeons énivrés de fraîcheur
dansaient dans les pigeonniers,

l'enfant, des brindilles allumées à la main,
l'enfant dansait avec le frais tison,
sur le dallage tiédi par l'eau
et la mer brillait dans ses yeux,

les paluds dansaient dans son pied,
et son pied respirait
dans le coeur des tarins égarés dans l'eau."


Pier Paolo Pasolini, "Dans le coeur d'un garçonnet", Suite frioulane (1944-49)