29 mai 2018

Tes yeux s'équarrissent comme des quilles





































Tes yeux s'équarissent comme des quilles
des tourterelles, elles sont deux

Et les amours déchues ?
et les mauvaises intentions ?
les mains se posent au dessus du brasier
elles se lèvent sur le ciel; un baiser vaste et chaud
une nuque, un nid, vif comme un couperet
on s'allonge et on se fracasse lentement les membres
le reste n'est que claquements et rythmes
éphémères et pourtant

La pluie c'est du gâchis
mais agréable sur nos souliers
on invente des histoires pour les derniers petits
on inonde le monde avec de ailes
rabattues à la surface, et après ?

Peu peuh peuh


Marie de Quatrebarbes, « La vie moins une minute »
éditions Lanskine, 2014

18 mai 2018

Vous passez votre temps à assembler






















Olivier Cadiot, "Histoire de la littérature récente" tome 1
POL éditeur, 2016.


Vous passez votre temps à assembler, à relier des bouts de vos vies — qui ressemblent à un immense patchwork — à des morceaux de choses vues, des bribes d'évènements entendus, des citations détachées de leurs auteurs, des images flottantes, des phrases de votre sœur, des mots fantômes. barbotine, blanc d'œuf, bombe repositionnable, ça dépend à quelle époque vous êtes ; qu'importe le flacon, le principal c'est de surveiller le point de colle. La faire apparaître ? Le fondre, en souhaitant que les rapprochements disparaissent, comme après une greffe réussie où tout circule entre les membres ? C'est à vous de voir. Il y a d'autres époques où l'on a envie de garder les éléments un peu séparés, de sentir les déchirures entre les choses que l'on a voulu coller ensemble. C'est une question de moment. Faites une histoire pour savoir comment faire. Une petite, la vôtre, et une grande en même temps, la nôtre. En espérant qu'elles se superposent.





7 mai 2018

La virieuse ou méviriée, la cache-Maria, l'adéliane



2. Herbes se balançant sous la pluie

La virieuse ou méviriée, la cache-Maria, l'adéliane,
la cafratane, la coprebondieuse,
la timbale-des-naines, la sopomphre, l'herve-des-pillards, 
la tige-bleue, la tige-six-épingles,
la grammanvaine,
la bahabe-des-plaines, la bahabe-des-nomades,
la petite bahabe,
le gouillaisse, la timourdane,
la Simone-d'argent, la bravepluie,
la gordomie,
la schvolle, la vassilice-teint-la-rosée,
le cordusain, la chachuine, la gravillette,
la capiteuse-du-soir, la clavicole, la harpaine,
la vaquemouflette, la touteglume,
l'escambienne, la ronfle-en-langue,
la carague, l'oldinie, la somberne-desaurores,
la touffebrise, la fleur-du-vilain, la sagrebotte,
la foussienne ou foussine ou foussine-du-pendu,
la gareuse-sans-étoiles, la palpenaude, la madrilionne,
la grande-madrilionne,
la gambaine-hirsute, la douriaf,
l'épingle-de-Marfa,
la dame-follette, la dame-étendue (...)

Manuela Draeger, "Herbes et golems"
éditions de l'Olivier, 2012.