27 oct. 2009

27/10/09

“Un jour que je m'étais perdu dans le maquis des petits dieux du côté de Cournille, un chien 


négligé à tête de dieu m'arrêta. Ses yeux espiègles, ses jappements brefs me mirent en liesse. 


Bref, en lumière, je me fis l'effet d'un imbécile et décidai qu'à compter de ce jour j'irais me jeter 


à la mer par tous les ruisseaux.”




PAOL KEINEG, “A Cournille” 

19 oct. 2009

porte poussée

19/10/09

"(...) porte poussée, bonjour je voudrais, au revoir, le jour s'installe, tu vacilles, tu dis, c'est beau, quelle splendeur, mais au fond, c'est comme si tu n'y croyais plus, quelque chose en toi t'occupe, une sorte d'érosion, éboulements infimes, allô oui, je vais vous le passer, tu prends le récepteur, la voix parle, lointaine, métallique, une espèce de, comment te dire, comme si on te rongeait à l'intérieur mais très doucement, sans douleur, bonjour, comment ça va, tu cherches tes mots, là-bas, la voix s'anime et pourtant tu écoutes autre chose, cette usure délicate, curieusement audible, sifflement vague maintenant, chuintement, mais oui bien sûr, fumée sonore, évasive, tenace, à bientôt, tu raccroches regardant le soleil sur la fenêtre, le rideau qui frémit, tu prends un livre, tu lis les mots sans les comprendre, attentif à ce bruit de fleuve, une sorte de froissement, tantôt sombre, tantôt lumineux, visions instantanées, pieds nus dans l'eau, une main tient une autre main, lueurs, visages à contre-jour, un restaurant le soir, serviettes rouges, lampions, tu as jeté le livre sur la table, onze heure, déjà, l'écriture des arbres est illisible (...)”


Jacques Ancet, “ Le Silence des chiens
ed. Publie.net

12 oct. 2009

12/10/09

"Flot, requiers pour ta marche un galet au sol terne
Qu'à vernir en ta source au premier pas tu perdes.”


Francis Ponge, "Le Parti Pris des Choses"

6 oct. 2009

06/10/09

"A l'écran une bonne image est un visage qui n'introduit pas d'ombre.
S'il se trouvait qu'un écrivain plût en se montrant, c'est son corps qu'on rechercherait et non sa voix perdue, sa voix égarée et presque silencieuse sur la page.
Tout être qui se montre tourne le dos au royaume qui n'est pas visible."


Pascal Quignard, "Les Ombres errantes"