28 août 2024
Je voulais construire une maison de lumière
30 mai 2024
Je peux avoir sommeil brutalement
10 avr. 2024
Et cependant marchant, marchant, marchant
14 mars 2024
Basculer dans la cerce
10 janv. 2024
J'ai aussi l'impression de trébucher souvent
J'ai aussi l'impression de trébucher souvent, que mon corps est bousculé par les autres bousculé par moi. Je tourne la tête trop vite, mon bras ne voulait pas aller si loin, mon pied est en déséquilibre dans le brouhaha des corps bien en place qui m'entourent. Il faut tellement d'acceptation de soi, des autres et de l'espace pour que ça marche un corps, que ça ne subisse pas le réel mais que les gestes l'habitent paisiblement, avec la bonne tension. Les animaux sauvages, eux, ne connaissent pas la maladresse. Le léopard ne se pose pas la question de sa démarche, le vol de l'aigle n'est jamais ridicule, les sauts du chevreuil sont toujours coordonnés. Leur corps n'échappe jamais à leur contrôle alors qu'il me semble parfois qu'il faudrait toute une vie pour apprendre à ne pas rougir quand je cours dans la rue et à marcher tranquillement sur le chemin vers la mer.
Victor Pouchet, Autoportrait en chevreuil, éd. finitude, 2020
17 oct. 2023
Maçon, plombier, vitrier, mesurèrent sans compas
mesurèrent sans compas, mesurèrent te regardant,
mesurèrent, mesurèrent...
Et ta maison, qui est ta gousse,
est moitié ta mère et moitié ta fille...
Il te firent industrie de paix et de rêve ;
ils créèrent des portes selon tes envies ;
ils tendirent un seuil à tes pieds...
Je ne sais si le fruit est meilleur que le pain
et le vin meilleur que le lait à ta table.
Tu décidas d'être "la terrestre",
et la Terre te sert de la main à la main,
avec épis et four, cep et pressoir.
Gabriela Mistral, extrait de "Message à Victoria Ocampo, en Argentine"
(trad. Irène Gayraud, éditions Unes, 2021)
21 août 2023
Un jardin comme un entre-deux
comme un tissu articulaire entre cité et océan, entre lande et
bâtiment, autour d'une maison, une jungle
tend
un aimant à une jungle. Une allumette
frottée, une jointure taillée ; sers-t'en
bien. Qu'il règne
entre le guindé et l'enflammé, faille
dans l'émail qui nous permet de nous couler à nouveau dans une plaine.
Le jardin inscrit dans cette plaine un premier principe. Il arpente, précis,
et plane, cartilage entre route et maison,
écurie mentale pour roses de dressage
il plane
dès lors qu'un jardin s'enracine
pour moitié dans l'idée, rendant la terre instable, une machine volante avec trois ailes,
puis cinq, puis partout dans le ciel, panoramas miniatures, le jardin,
d'un poing, s'ouvre en ponts.
(trad. Maïtreyi et N. Pesquès)
éd. Corti
7 juil. 2023
Au fond de grandes réserves de nuit
Sandrine Cnudde, Habiter l'aube, éd. Tarabuste, 2016.
6 juil. 2023
Le jour je cuisine et nous mangeons
Le jour je cuisine et nous mangeons.
La nuit tu dors et ta main s'incurve sur ma tête,
s'incurve dans mes cheveux.
Les mains se courbent
comme des feuilles. Ma main s'ourle
depuis le feu vers le haut du tipi
et l'extérieur.
Ma main s'ourle et descend le long
de la gorge du canard carolin.
Dans l'ourlet de ma main je tiens le blé.
Annie Dillard, "Jours de fête", dans Billets pour un moulin à prières (1974)
éd. Héros-Limite, trad. B. Matthieussent, 2020.
26 juin 2023
Je ne fais que rendre une âme à la forêt en la peuplant de fictions désirantes
28 avr. 2023
Il y a dans ma prairie des coyotes bleus
Il y a dans ma prairie des coyotes bleus qui s'éloignent
doucement de travers en marchant avec maladresse
la bassin tordu efflanqué comme de vieux assassins
maigres sur des pattes d'enfant puni
ou de jeunes frères
perdus.
Je souris.
Frédéric Boyer, Dans ma prairie
POL 2014
18 avr. 2023
À marée basse l'eau est aspirée à l'intérieur du port
24 févr. 2023
Que veux-tu dire
"Que veux-tu dire,
Il n'y a pas de peuple ?
12 janv. 2023
On fit une véritable fête qui dura presque jusqu'à l'aube
éditions Le Tripode, 2020
(traduction Philippe Bataillon)
30 nov. 2022
Un enfant perché sur les épaules de son père
18 janv. 2022
Toutes les fois qu'elle vient me voir
Toutes les fois qu'elle vient me voir, elle me demande à quoi
j'ai rêvé. À quoi as-tu rêvé ? J'ai rêvé que je suis obligée d'aller
dans la forêt. J'ai traversé une prairie. Soudain j'aperçois ma
soeur qui déroule un ballot de tissu bleu. Je m'arrête, je ne
peux plus bouger. La journée se passe ainsi. Le soir ma soeur
m'appelle : L'air est bleu. Je traverse la prairie en courant et
surmonte tous les obstacles : le tissu, la valise, le couteau dans
l'herbe, le seau, l'échelle, l'arbre. Et le rêve s'achève.
Margret KREIDL "Plier une hirondelle" éd. Les Inaperçus 2020
(trad. François Mathieu)
20 oct. 2021
écrire ce qui est arrivé est sans doute la meilleure façon de se persuader
Pierre PARLANT, "Une cause dansée. Warburg à Oraibi" (éd. Nous, 2021)
écrire ce qui est arrivé est sans doute la meilleure façon de se persuader qu'il peut toujours arriver quelque chose ; et il arrive que quelque chose arrive, mais ce n'est qu'un aspect contingent du voyage une fois les dés lancés ; l'autre, primordial, est qu'écrivant, le présent de l'écriture — une vision différée — révèle parfois un futur antérieur, temps latent de la phrase, temps réel d'une vie : les paroles s'adressent, les humains danseront, le ruisseau fut à sec, la foudre aura frappé
17 oct. 2021
nuit avance
128
(01.03.2017)
nuit avance
on ne voit pas la boue jusqu'à la caravane
il y a un conte qui parle d'un magicien et de fleurs perdues, je ne sais
plus le titre
les phares d'une voiture contre les parois en toc de l'habitacle
elles dorment, je sors pisser sur le brouillard
j'entends encor les grues, elles reviennent déjà, elles volent dans le noir
pour ne pas être vues, c'est le contexte géo-politique qui veut ça
je reprends L'arc-en-ciel de la Gravité page 639
27 avr. 2021
Les rêves se composent essentiellement d’un décor
Annie Dillard, "Une enfance américaine", 1987
Les rêves se composent essentiellement d’un décor comme tous les gens qui en racontent ou en écoutent le savent.
Nous remontions une étroite rue pavée du vieux continent.
Nous descendions la passerelle d'un paquebot portant dans les bras un bébé.
Nous sortîmes des bois, parvînmes au sommet de la montagne et aperçûmes l’eau ; nous amarrâmes notre radeau grossier à des rives brûlées.
Nous étions allongés sur les branches d’un arbre au bord du chemin.
Nous dansions dans une salle de bal sombre et les rideaux volaient aux fenêtres.
Les lieux clos où nos vies se déroulent, dans l’urgence, ressemblent à des labyrinthes compliqués dont nous apprenons le parcours section après section (la rue du village, le grand navire, la colline boisée), sans nous rappeler comment ni où elle se combinent dans l’espace.
11 avr. 2021
c'est que / des fois / dans mes pelouses /
10 déc. 2020
ATTENDU QUE je me lasse
Layli Long Soldier, "Attendu que" (trad. B. Machet) éd. I. Sauvage, 2020
ATTENDU QUE je me lasse. De mon effort de faire coïncider l'effort de la déclaration : "Attendu que les premières nations d'Amérique et les colons non indigènes s'engagèrent dans de nombreux conflits armés qui, des deux côtés malheureusement, ôtèrent la vie à des innocents, y compris celles de femmes et d'enfants." Je me lasse
de m'engager dans de nombreux conflits, me lasse de l'expression des deux cotés. Deux côtés en tant que femme et enfant à cet Attendu que. Deux côtés des paroles et des jeux de mots, penchée au-dessus des dictionnaires. Me lasse de comprendre fatiguée, affaiblie, exténuée, diminuée à cause du labeur. Marre. Le dictionnaire lakota affirme que fatigué c'est watúkha. Sous cette entrée j'ai trouvé le terme watúkhayA, qui signifie exténuer quelqu'un ou quelque chose, par exemple épuiser un cheval de ne pas savoir bien le monter. Suis-je watúkha ou est-ce que je watúkhayA ? J'appelle mon père pour lui demander
et faire un double contrôle de mes trouvailles. Comment dire "fatigué", il répond : "bluğo". Si tu veux dire "vraiment fatigué", c'est : "lila bluğo". C'est la façon familiale — la manière oglala — de dire fatigué, et qui sait mieux ce que fatigué veut dire sinon le peuple. Combien je peine
pour signifier ce qui est réel. Réellement, je mesure 1,77m. Réellement, je dors du côté droit du lit. Réellement, je me réveille après huit heures de sommeil et mes yeux pendent comme deux carrés couleur ardoise. Réellement, je suis bluğo. Réellement, je grimpe sur le dos des langues, les chevauche et les conduis jusqu'à l'épuisement — peut-être je tire les rênes quand je veux dire va. Peut-être que j'éperonne quand je veux descendre. Cela a-t-il une importance. Je suis lila bluğo. Je suis bloquée, je veux sortir. Être libérée de mon impulsion à faire remarquer : Attention, le cheval n'est pas une référence à mon héritage ;
9 sept. 2020
Tout en mâchant la neige
Tout en mâchant la neige
dire le printemps.
Ta silhouette, papa Langage,
nous protège.
Katia BOUCHOUEVA "Doucement (!)" 2020 coll. L'esquif /Publie poésie
25 juin 2020
Réponse : Personne n'a jamais vu un poisson.
4 juin 2020
S'installer dans le lieu le plus propice
S'installer dans le lieu le plus
22 avr. 2020
Il y a trois ans, Daria m'a raconté l'effondrement
8 avr. 2020
Je marche, portant une robe jaune
(traduite par Sabine Huynh), revue MUSCLE fév. 2020.
20 févr. 2020
Quel hommage sera rendu à la beauté bâtie pour durer
Adrienne Rich, "Un atlas du monde difficile" dans "Paroles d'un monde difficile
30 janv. 2020
C'était marcher qu'il voulait
(éd. Laurence Teper, 2004)
31 déc. 2019
Les deux petites filles marchent au soleil
les deux petites filles marchent au soleil
Sereine Berlottier "Habiter - traces & trajets"
(avec des peintures de Jeremy Liron)
éd. Les Inaperçus, 2019.
10 déc. 2019
Plus aucune certitude
"Retours", éd. L'esquif/poésie chez Publie.net.
22 oct. 2019
À allure régulière, tu franchis le bayou du Chien
(avec des encres de Frédéric Malenfer) Wildproject éd. 2019.
24 juin 2019
Il a été aperçu traversant de nombreux détroits autour du monde
éditions POL, 2019
23 mai 2019
Quand j'ai eu la sensation que ma nuque posée sur le dossier de la baignoire flottait
Céline Minard
"Le Grand Jeu", 2016, éd. Rivages.